Installation

Suites informatiques, codes secrets ou messages mystiques ? Écrans, signaux électriques ou bien tablettes alchimiques ? Le récit qui se conte ici, à travers cette arborescence de fils électriques et de boitiers gravés en aluminium, n’appartient ni réellement aux temps bibliques, pas plus qu’il ne s’enracine avec certitude dans notre présent. Des lumières clignotantes et en lesquelles nous reconnaissons des LED semblent nous appeler, nous inviter à nous approcher de ces vestiges métalliques aux rebords élimés et qui nous murmurent en des écritures connues et inconnues des valeurs peut-être perdues. « Amour », « joie », « paix », ou encore « bonté » nous sautent à la figure afin de nous demander ce que nous en avons fait, peu importe la langue de leur écriture qu’il s’agisse de l’anglais, du braille ou de l’hébreu, et si nous arrivons à les lire. Sont-elles enterrées dans quelques sarcophages datant de l’écume même de notre histoire ? L’artiste a-t-elle ravivé ces derniers, prisonniers sous les coulées de béton de nos sociétés néolibérales ? SunYoung Cho travaille ici à nous sortir de notre aveuglement en travaillant avec différents degrés de matérialité : celle deces étranges écrins qui ne sont peut-être que surfaces, celle de la lumière et celle de la langue écrite, lisible autant par le toucher que par la vue. Dépêchons-nous de les retrouver, car dans leurs clignotements, qui sait si ces lumières, parmi les dernières à nous parler d’amour, ne seraient pas mourantes ?

-Thomas LEMIRE